Les entreprises rencontrent divers défis dans la gestion de leurs stocks, mais elles partagent toutes un besoin universel : la quête permanente du maintien de niveaux de stock optimaux. Dans les lignes qui suivent, nous allons explorer ce concept essentiel en gestion des stocks, analyser en détail comment atteindre et maintenir ces niveaux optimaux, examiner leur mode de calcul, et étudier des exemples concrets, en passant en revue à la fois les points communs et les spécificités de ces secteurs.

Pour commencer, il est important de définir certains concepts fondamentaux, tels que le niveau de stock et l’optimisation des stocks. La compréhension de ces termes posera les bases pour aborder la manière de maintenir le niveau de stock idéal.

Niveaux de stock : définition

Le niveau de stock désigne la quantité de marchandises qu’une entreprise détient à un moment donné. Il s’agit d’un indicateur clé à suivre, car il permet de s’assurer que l’entreprise peut répondre à la demande client sans surstocker.

Qu’est-ce qu’un stock optimal ?

Le stock optimal dans un entrepôt désigne le niveau de stock considéré comme idéal pour répondre efficacement à la demande en produits, tout en minimisant les coûts liés au stockage et à la gestion des inventaires. Ce niveau est déterminé en équilibrant plusieurs facteurs, notamment la demande prévisible, les délais d’approvisionnement des fournisseurs, les coûts de stockage, les coûts de commande et la nécessité d’éviter les ruptures de stock.

L’objectif du stock optimal est de garantir qu’une entreprise dispose de suffisamment de produits pour satisfaire la demande client, sans supporter de coûts inutiles liés à un surstockage. Maintenir ce niveau optimise l’efficacité opérationnelle et assure la disponibilité des produits quand les clients en ont besoin, améliorant ainsi leur satisfaction et la rentabilité de l’entreprise.

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Quel est le lien entre stock optimal et optimisation des stocks ?

Le stock optimal et l’optimisation des stocks sont étroitement liés, car ces deux concepts visent à garantir qu’une entreprise dispose de la quantité adéquate de produits en entrepôt pour répondre à la demande de manière efficace et rentable.

L’optimisation des stocks est un processus qui cherche à maximiser la disponibilité des produits tout en minimisant l’investissement en stock. Autrement dit, il s’agit d’avoir juste ce qu’il faut pour offrir le niveau de service souhaité, en permanence et pour toutes les références.

Voici comment ces deux notions s’articulent :

Un objectif commun

Le stock optimal et l’optimisation des stocks partagent un même but : réduire les coûts totaux liés aux stocks tout en assurant la disponibilité des produits quand les clients en ont besoin. L’optimisation des stocks cherche l’équilibre entre investissement en inventaire et satisfaction client, et le stock optimal en est une composante clé.

La détermination des niveaux de stock

L’optimisation des stocks consiste à calculer le niveau de stock idéal pour chaque produit, en tenant compte de critères comme la demande historique, les délais d’approvisionnement, les coûts de stockage et les coûts de commande. Ce niveau idéal correspond précisément au stock optimal. Ainsi, l’optimisation des stocks est le processus qui permet de le définir et de le maintenir.

Un suivi et des ajustements continus

Les deux approches nécessitent une surveillance permanente et des ajustements réguliers. La demande et d’autres facteurs évoluant dans le temps, il est crucial d’adapter les niveaux de stock pour les aligner sur les objectifs d’optimisation.

L’amélioration de l’efficacité opérationnelle

En déterminant et en maintenant des niveaux de stock optimaux, l’optimisation des stocks contribue à renforcer l’efficacité globale de l’entreprise. Cela passe par la réduction des coûts de stockage superflus, la minimisation des coûts de commande et l’évitement des ruptures ou des surstocks.

La satisfaction client

En garantissant la disponibilité des produits au moment où les clients en ont besoin, le stock optimal et l’optimisation des stocks améliorent la satisfaction client. Les clients sont plus fidèles lorsqu’ils obtiennent les produits souhaités sans délai ni rupture.

À ce stade, une question se pose…

Qui a besoin d’optimiser ses stocks ?

Toute entreprise travaillant avec des références stockées et une demande indépendante, c’est-à-dire sans visibilité sur les références ou quantités qui seront demandées à un moment donné, doit optimiser ses stocks. Sinon, une gestion sous-optimale engendre des difficultés opérationnelles et financières majeures. Les ruptures de stock entraînent des ventes perdues, voire la perte de clients, tandis que les stocks immobilisent du capital. Par ailleurs, le surstock conduit à l’obsolescence, ce qui détruit la rentabilité de l’entreprise. Dans le contexte économique actuel, l’optimisation n’est plus seulement importante : elle devient indispensable.

Pourtant, la plupart des entreprises gèrent leurs stocks en s’appuyant sur les prévisions de demande générées par leurs ERP ou leurs équipes commerciales. Malheureusement, cette approche ne dispose pas des modèles adaptés pour anticiper la demande et calculer les stocks de sécurité nécessaires à une gestion fine de chaque référence. Résultat : des heures de travail interminables pour des performances médiocres.

Comment calculer le stock optimal ?

Le calcul du stock optimal (ou point de réapprovisionnement) repose sur plusieurs facteurs clés pour déterminer la quantité de stock à maintenir en entrepôt.

Voici la formule de base :

Formule pour déterminer le stock optimal

Stock optimal = (Demande moyenne quotidienne × Délai de livraison en jours) + Stock de sécurité

Décryptage des composantes :

Demande quotidienne moyenne

Cette valeur représente le nombre moyen d’unités vendues ou utilisées par jour. Pour la calculer, vous pouvez prendre la demande totale sur une période donnée (par exemple, un mois) et la diviser par le nombre de jours de cette période. Cela vous donnera une estimation des besoins pour une journée typique.

Délai d’approvisionnement (en jours)

Il s’agit du temps qui s’écoule entre le moment où une commande est passée et celui où les marchandises sont reçues en entrepôt. Ce délai peut varier selon le fournisseur et la logistique. Vous devez prendre en compte le temps nécessaire pour obtenir de nouveaux produits une fois la commande passée.

Stock de sécurité

Le stock de sécurité est une quantité supplémentaire de stock maintenue pour faire face aux variations de la demande et des délais de livraison. C’est une précaution pour éviter les ruptures. Le niveau de stock de sécurité peut être déterminé en fonction de la variabilité historique de la demande et des délais de livraison. Plus l’incertitude est grande, plus le stock de sécurité doit être élevé.

Une fois ces trois composantes calculées, il suffit d’additionner la Demande Quotidienne Moyenne multipliée par le Délai d’Approvisionnement et le Stock de Sécurité. Le résultat vous donnera la quantité de stock à avoir en main pour éviter les ruptures avant l’arrivée d’une nouvelle commande et pour absorber d’éventuelles variations de la demande ou des délais de livraison.

Il est important de rappeler que ce calcul est une simplification et que la gestion des stocks peut devenir plus complexe dans un environnement opérationnel réel, en raison d’autres facteurs tels que les coûts de stockage, les stratégies de réapprovisionnement ou la saisonnalité de la demande. Par ailleurs, il est essentiel de réviser et d’ajuster régulièrement le calcul du stock optimal, car les conditions commerciales et les tendances de demande évoluent.

Stock optimal par secteur : retail, pharmacie et automobile

Qu’ont en commun une chaîne de retail, un grossiste pharmaceutique et un fournisseur de pièces automobiles ? En apparence, pas grand-chose, mais une chose est sûre : ils partagent tous un même besoin de travailler avec un stock optimal.

Pour chacun d’eux, une rupture reste une rupture, un surplus un surplus, et un stock obsolète un stock obsolète. Pourtant, leurs spécificités respectives doivent être prises en compte pour atteindre une optimisation des stocks adaptée à leur activité.

Le nombre de références gérées et le nombre de points de stockage compliquent la gestion des inventaires à mesure qu’ils augmentent. Chaque référence a un comportement propre selon son emplacement, et son prévisionnel comme son stock optimal doivent donc être calculés en fonction du secteur.

Les entreprises les plus confrontées à ces défis sont celles qui gèrent des milliers, voire des millions de SKU (combinés emplacement-article). C’est le cas des distributeurs retail, des grossistes pharmaceutiques et des fournisseurs de pièces automobiles, qui manipulent un grand nombre de références et de points de vente – pouvant atteindre plusieurs millions de SKU dans certains cas.

Ainsi, plus il y a de SKU, plus la complexité augmente ; plus la complexité est grande, plus le besoin en données est fort ; et plus ce besoin est important, plus le temps à consacrer à leur gestion l’est aussi.

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Exemples de calcul de stock optimal

Le calcul du stock optimal peut varier selon le secteur, le type de produit et les spécificités de chaque entreprise.

Voici un exemple d’application du concept dans un contexte retail :

Grande distribution (retail)

Prenons un magasin vendant des téléphones mobiles. La demande quotidienne moyenne pour un modèle donné est de 20 unités, avec un délai de livraison du fournisseur de 5 jours ouvrés. Après analyse des ventes historiques et des fluctuations de demande, l’entreprise détermine un stock de sécurité de 10 unités.

Le calcul du stock optimal serait alors :

(20 unités/jour × 5 jours) + 10 unités = 110 unités

Ainsi, le magasin doit maintenir au minimum 110 unités de ce modèle en stock pour couvrir la demande et absorber les aléas.

Distribution pharmaceutique

Une entreprise de distribution pharmaceutique approvisionne plusieurs officines. La demande quotidienne moyenne pour un médicament donné est de 30 unités, avec un délai de livraison du fabricant de 2 jours. En raison du caractère critique de certains médicaments, l’entreprise maintient un stock de sécurité élevé de 50 unités.

Le calcul du stock optimal donne :

(30 unités/jour × 2 jours) + 50 unités = 110 unités

L’entreprise doit donc conserver au minimum 110 unités de ce médicament en stock en permanence.

Grossiste en pièces automobiles

Un grossiste en pièces détachées fournit des filtres à huile aux garages. La demande quotidienne moyenne pour ce filtre est de 15 unités, avec un délai de livraison du fournisseur de 3 jours. Pour anticiper les variations saisonnières de la demande, l’entreprise a établi un stock de sécurité de 20 unités.

Le calcul du stock optimal donne :

(15 unités/jour × 3 jours) + 20 unités = 65 unités

Le grossiste doit donc maintenir au minimum 65 filtres en stock en permanence.

Ces exemples restent simplifiés. En pratique, la gestion des stocks intègre d’autres paramètres, comme le taux de rotation, les coûts de stockage ou les frais de commande. Par ailleurs, les niveaux de stock optimal peuvent varier selon les produits et les situations au sein d’une même entreprise. L’enjeu consiste à adapter le calcul aux besoins spécifiques et au contexte opérationnel de chaque activité.

Comment la demande et le cycle de vie des produits influencent-ils le stock optimal ?

L’idéal serait de ne travailler qu’avec des produits à forte rotation et à haute marge, mais la nature même des activités et le cycle de vie des produits obligent les entreprises à maintenir un équilibre entre références à rotation élevée, moyenne et faible.

Dans le retail, la dynamique du secteur conduit à privilégier les produits à forte rotation, généralement gérés efficacement dans les centres de distribution. Pourtant, en magasin, on observe souvent des comportements de demande erratiques et irréguliers, sans compter les articles de présentation comme les lunettes ou les parfums, dont la gestion est plus complexe.

En distribution pharmaceutique, le stock se compose d’un mélange de produits à rotation variable (élevée, moyenne, faible). Bien qu’une optimisation théorique de l’assortiment soit envisageable, les contraintes du marché jouent un rôle déterminant dans la composition des stocks.

Le cas des grossistes en pièces détachées est le plus délicat. La nature même de ces produits implique une forte proportion d’articles à rotation lente ou irrégulière, avec des cycles de vie souvent très longs, ce qui accentue l’effet longue traîne. Dans ce contexte, il est crucial de surveiller attentivement l’évolution (notamment négative) de ces références pour les retirer à temps et éviter l’obsolescence.

Qu’en est-il de l’introduction de nouveaux produits et des promotions ?

L’introduction de nouveaux produits et les promotions constituent des indicateurs clés pour déterminer les niveaux de stock optimal. Si l’on compare les trois secteurs, un détaillant lance plusieurs catalogues par an et multiplie les promotions, tandis qu’un distributeur de pièces détachées a, d’un point de vue commercial, l’obligation de maintenir certaines références en stock pendant des années. La distribution pharmaceutique, elle, se situe entre ces deux extrêmes.

Pour un retailer, la gestion des nouveaux produits et des promotions est donc un enjeu majeur dans le calcul du stock optimal. Le renouvellement fréquent d’une grande partie de l’assortiment et les promotions récurrentes exigent que le système d’optimisation des stocks permette d’intégrer facilement ces nouveaux articles et actions commerciales. Cela implique de prendre en compte l’historique des promotions passées, ainsi que les produits de substitution ou complémentaires.

Dans la distribution pharmaceutique et chez les grossistes en pièces détachées, l’introduction de nouveaux produits et promotions est moins intense, mais reste un facteur important. Face à ces défis, il est essentiel de vérifier si les processus en place permettent une gestion efficace de ces nouveautés. Pour cela, plusieurs questions doivent être posées :

  • Peut-on transposer la demande historique des produits de substitution ou des références précédentes ?
  • Comment gérer les promotions et autres actions commerciales ?
  • Comment intégrer la demande supplémentaire générée par une future promotion dans les prévisions existantes ?
  • Prenons-nous en compte l’effet de cannibalisation que le produit en promotion peut avoir sur d’autres références ?
  • Le comportement post-promotionnel est-il anticipé ?
  • Sommes-nous capables de dissocier la demande promotionnelle de la demande historique normale, afin que les promotions n’influencent pas le calcul des prévisions de demande pour les cycles futurs ?

Garantir une forte disponibilité comme indicateur de stock optimal

Garantir une disponibilité élevée est un indicateur clé du stock optimal, quel que soit le secteur, mais pour un retailer, c’est une nécessité absolue : une rupture de stock équivaut à une vente perdue. Cette pression s’est encore intensifiée avec l’essor du commerce en ligne. Les enseignes physiques, qu’elles vendent ou non sur internet, doivent rivaliser avec des sites proposant un large choix de produits disponibles immédiatement. Et si elles ont leur propre boutique en ligne, l’enjeu est le même : offrir une gamme étendue sans rupture.

Pour les distributeurs pharmaceutiques et les grossistes en pièces détachées, les ruptures se traduisent aussi souvent par des ventes perdues, même si les conséquences peuvent varier selon les produits.

Alors, comment éviter les ruptures ? Détectons-nous les articles en faible stock avant qu’ils ne soient en rupture, pour agir de manière préventive ? Savons-nous identifier les surplus ou les références à risque d’obsolescence ? Quelle est la relation entre la disponibilité d’un article et le stock nécessaire pour la garantir ? Et surtout : le stock optimal existe-t-il vraiment ?

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